La dette, tant privée que publique, semble aujourd?hui une préoccupation majeure des « responsables » économiques et politiques.
Dans La Fabrique de l?homme endetté, Maurizio Lazzarato montre cependant que, loin d?être une menace pour l?économie capitaliste, elle se situe au c?ur même du projet néolibéral.
À travers la lecture d?un texte méconnu de Marx, mais aussi à travers la relecture d?écrits de Nietzsche, Deleuze, Guattari ou encore Foucault, l?auteur démontre que la dette, loin de n?être qu?une réalité économique, est avant tout une construction politique, et que la relation créancier/débiteur est le rapport social fondamental de nos sociétés.
La dette n?est pas d?abord un dispositif économique, mais une technique sécuritaire de gouvernement et de contrôle des subjectivités individuelles et collectives, visant à réduire l?incertitude du temps et des comportements des gouvernés. Selon la logique « folle » du néolibéralisme ? qui prétend substituer le crédit aux salaires et aux droits sociaux, avec les effets désastreux que la crise des subprimes a illustrés de façon dramatique ?, nous devenons toujours davantage les débiteurs de l?État, des assurances privées et, plus généralement, des entreprises, et nous sommes incités et contraints, pour honorer nos engagements, à devenir les « entrepreneurs » de nos vies, de notre « capital humain » ; c?est ainsi tout notre horizon matériel, mental et affectif qui se trouve reconfiguré et bouleversé.
Comment sortir de cette situation impossible ? Comment échapper à la condition néolibérale de l?homme endetté ? Si l?on suit Maurizio Lazzarato dans ses analyses, selon lesquelles la dette est avant tout un instrument de contrôle politique et l?expression de rapports de pouvoir, force est de reconnaître qu?il n?y pas d?issues simplement techniques, économiques ou financières. Il nous faut remettre en question radicalement le rapport social fondamental qui structure le capitalisme : le système de la dette.
LA FABRIQUE DE L'HOMME ENDETTÉ
AUTOR/A
LAZZARATO, MAURIZIO
Maurizio Lazzarato, filósofo y sociólogo, reside en París desde su temprano exilio provocado por la represión del ecosistema de luchas metropolitanas de la Italia de los años setenta. Militante por aquel entonces de la constelación de la autonomía italiana, participó luego en diversos proyectos de investigación militante como las revistas Futur antérieur y Multitudes. Desde la Gran Recesión de 2008 ha reflexionado sobre la construcción subjetiva y social de la deuda y las condiciones políticas de la crisis. En castellano se puede leer ya un amplio número de sus obras como: Por una política menor (Traficantes de Sueños / Tinta Limón, 2006), La fábrica del hombre endeudado (2013), Gobernar a través de la deuda (2015), Potencias de la invención (2018) o El capital odia a todo el mundo (2019).